Les CPC d'Amstrad sont considérés par leur possesseurs comme mythiques car ayant eu un rôle de premier plan dans le développement de la micro grand public dans les années 80-90. Un grand nombre de jeux de l'époque a d'ailleurs jeté les bases du jeu vidéo actuel. Pourtant, le CPC-464 et le CPC-6128 ont été conçus par des spécialistes du marketing pour permettre à une compagnie totalement étrangère au monde de la micro-informatique de faire une entrée fracassante sur ce marché.
Au début des années 80, la micro-informatique connaît un bouleversement considérable : de multiples compagnies naissent et secouent un marché obsolète. Ces pionniers se nomment Apple, Commodore, Atari, Digital Research, Dragon Data, Microsoft ou Sinclair et éclipsent totalement par leur dynamisme les anciens comme IBM, Xerox ou DEC.
Une concurrence rude provoque l'apparition de multiples OS (système d'exploitation), chacun ayant ses propres atouts et faiblesses. Ces machines ont toutes en commun d'être vendues à un prix assez élevé, trop pour un foyer normal car l'ordinateur n'est pas encore perçu comme un appareil ayant une réelle utilité. Une place est vacante, et Alan Sugar va la saisir.
Amstrad, une société anglaise fondée en 1968, est un fabricant de chaînes hi-fi et de magnétoscopes. Alan Michel Sugar, à la tête d'Amstrad (comme le suggèrent les initiales de son nom...), va concevoir une machine pensée pour le marché, et non pour la technique : un micro-ordinateur 8-bits, rivalisant avec le C64, vendu avec un moniteur pour le même prix, et d'accès plus facile que ses concurrents. Cette machine se nommera l'Amstrad CPC-464.
Elle sera constituée d'un moniteur monochrome vert, commercialisée 2990 F (ou 4490 F avec un moniteur couleur). Face à une concurrence qui insiste sur la puissance de calcul et le graphisme, Amstrad met en exergue le prix de vente du 464, ordinateur doté de 64 Ko de RAM, d'un processeur Zilog ZX-80 à 4Mhz, d'un clavier avec pavé numérique, d'un véritable moniteur, d'un lecteur de cassettes intégré à la machine et ne demandant, pour fonctionner, que de brancher une seule prise.
Dès sa sortie, le CPC-464 connaît un immense succès (plus 2 millions de machines vendues). La présence du moniteur et la facilité d'installation de la machine (un véritable plug-n-play des années avant) séduit particulièrement et les machines concurrentes comme le TO-7 de Thomson (machine française !) et le MSX n'ont pas autant la côte. Alors que techniquement, c'est une machine dépassée...
Graphiquement, 3 résolutions sont possibles (mode 0 : 160x200/16 couleurs, mode 1 : 320x200/4 couleurs, mode 2 : 640x200/2 couleurs, sur 27 disponibles), mais la résolution utilisée pour les jeux devant être celle comportant le plus de couleurs, le 160x200 se révèle insuffisant pour proposer une belle qualité graphique. De façon sonore, le AY-3-8912 de General Instruments propose 3 voies musicales + 1 bruitage et 7 octaves. Assez limité pour la création musicale.
Mais grâce à son prix attractif, à l'apparition de nouveaux styles de jeux (jeux de rôles, jeux d'aventure, la possibilité de sauver sa partie...), Amstrad est conforté dans ses choix : tous les jeux à succès sont adaptés sur CPC, avec une qualité moindre qu'ailleurs certes, mais cela lui permet d'acquérir une large logithèque, et ce malgré son retard technique et l'effondrement du marché du jeu vidéo,
Conçu sur la même logique que le 464, Amstrad récidive en 1985 avec le CPC-664, un 464 avec lecteur de disquettes 3 pouces et un écran couleur, vendu 4990 F. Toujours un prix très bas pour l'époque par rapport aux concurrents.
Les disquettes 3 pouces pouvaient contenir 178 Ko par face (en standard).
Pourtant, le 664 sera un échec car, au même moment, Amstrad commercialise l'Amstrad CPC-6128. Pour un prix identique au 664 (4990 F), le CPC-6128 est aussi proposé avec le même processeur, un moniteur couleur et le lecteur de disquettes mais avec deux fois plus de mémoire (128 Ko), celle-ci ayant baissé entre l'apparition du 664 et du 6128.
Le 6128 connaît également un grand succès, plus encore que le 464, et restera la machine de référence d'Amstrad. Le BASIC de la machine est bien conçu (il a été créé par la société Locomotive Software) et est disponible dès le démarrage de la machine car présente en ROM (aucun temps d'attente), les disquettes permettent un chargement rapide des logiciels (malgré le fait que le format 3 pouces soit spécifique à l'Amstrad, et donc plus cher).
Amstrad se lancera par la suite dans la construction de PC (PCW8256, PCW9512), basés sur le même processeur mais avec 2 à 4 fois plus de RAM, et rachètera son concurrent Sinclair. Malgré leur faible prix, ces machines ne s'imposent pas et Amstrad se recentre sur la gamme qui a fait son succès.
Les CPC-464+ et le CPC-6128+ voient le jour en 1989. Ces deux machines sont mieux que la génération précédente, aux niveaux graphique (320x200 en 16 couleurs sur 4096) et sonore, mais restent basées sur le processeur ZX-80, devenu complètement obsolète face à la concurrence des 16 bits (Atari ST, Amiga, Megadrive...), avec leur 320x200 en 256 couleurs. De plus, ils ne sont pas complètement compatibles avec leur prédécesseurs (de légères modifications des logiciels sont nécessaires).
Simultanément, Amstrad s'essaye au marché des consoles avec la GX-4000, qui est typiquement un CPC-6128+ sans clavier. Cette console ne convainct pas : les manettes sont copiées sur la NES, le design n'accroche pas et les possibilités techniques de la GX-4000, tout comme le sont celles des CPC face aux ordinateurs, sont bien en-dessous de la Megadrive et de la SuperNes.
Les éditeurs de jeux ne suivent pas non plus et les jeux GX-4000, bien que graphiquement plus beaux et compatibles avec les CPC-464+ et le CPC-6128+, ne sont pas légions.
La suite est prévisible : les CPC vieillissent mal face à la concurrence et à la course technologique que se livrent les fabricants. Avec l'Atari ST et l'Amiga, beaucoup de développeurs ne se contentent plus que d'adapter les jeux sur CPC, sans chercher à en exploiter les capacités spécifiques. Cela permet aux machines d'Amstrad de continuer à faire illusion dans le domaine...
Amstrad fait donc le choix d'arrêter la micro-informatique et n'y reviendra plus. La société continuera à fabriquer des appareils hi-fi, des magnétoscopes (dont un doubleur lecteur VHS qui permettait de lire et de copier une cassette vidéo).
Bien qu'Amstrad ait complètement abandonné ses machines, celles-ci ont bien vécu et ont fait leur place dans la micro-informatique des années 80-90, tout en marquant leurs possesseurs, qui se souviennent, même 20 ans après, avoir eu un CPC et avoir découvert l'informatique grâce à lui, avoir attendu de longues minutes avant qu'un jeu sur cassette ne se charge (pour parfois obtenir un problème de lecture à la fin !), avoir bidouillé leur machine, développé des petits programmes en Basic, composé des musiques sur le processeur 3 canaux, avoir joué aux jeux d'aventure au format texte, lu et adoré les différents magazines dédiés (Amstrad Cent pour Cent était un magazine écrit avec une fraîcheur terrible...). Bref, s'être attaché à cette machine et à son croco, magré ses faiblesses évidentes.
Il reste aussi à cette machine une logithèque énorme (plus de 2.000 logiciels), dont voici quelques captures :
avril 15 2018 | Site superbe et très simple d'utilisation. Il donne vraiment envie de tout voir. | Marc |
juil. 22 2008 | j'ai adoré la page sur les Amstrad... nostalgie... encore bravo ! | Phil |
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