Un petit appareil est proposé par Google depuis 2013 pour lire ses fichiers vidéos, photos, musiques directement sur son téléviseur, en lui transférant le lien depuis un autre appareil (sous Android de préférence) : le Google Chromecast.
J'ai pu tester cet appareil dans sa version Ultra dédié au 4K et sorti fin 2016. Voici mon retour sur celui-ci.
Une fois l'appareil déballé et branché sur votre téléviseur, celui-ci affiche, comme annoncé, qu'il vous faut le piloter depuis un autre appareil.
Tout d'abord, vous devrez télécharger l'application Google Home sur votre téléphone ou tablette. Ce n'était pas précisé sur le site ou l'emballage. En effet, tout tourne depuis ce logiciel, qui permet de configurer Google Chromecast et son environnement. Pour l'obtenir, vous devez passer par Google Play (et donc créer un compte Google) car l'entreprise ne propose pas d'autre solution.
Je trouve qu'obliger un client à créer un compte sur sa plate-forme est une contrainte : c'est quand même plus simple quand le matériel acheté est fourni avec tout ce qu'il faut pour le faire fonctionner ou que l'on peut installer un logiciel sans devoir donner ses coordonnées personnelles. Et que faire si le site de téléchargement ne fonctionne plus ou que l'application n'est plus disponible ? Le fichier APK de Google Home peut cependant être téléchargé sur d'autres sites moins officiels.
A l'installation de Google Home, Android vous indique qu'aucun droit particulier n'est nécessaire. Vous allez voir que c'est faux par la suite.
En effet, une fois Google Home lancé, celui-ci utilise immédiatement votre connexion Internet (sans vous poser la question) et vous impose de paramétrer un compte Google. Sans cela, vous ne pourrez pas utiliser votre Chromecast. Cela rend donc cet appareil dépendant de Google et, si ce service est arrêté (Google est connu pour ne pas maintenir certains services non rentables) ou inaccessible, votre appareil devient inutilisable et bon pour la poubelle. Et que faire également si votre compte a été bloqué par la société ?
Que penser également de la récolte de données personnelles récoltées ainsi par l'entreprise, qui a un modèle économique basé sur l'exploitation de celles-ci ? Quel est l'intérêt réel pour le consommateur de créer un compte ? Ces contraintes ne sont pas précisées sur l'emballage, qui indique qu'il faut juste un téléviseur avec un port HDMI accessible, un réseau filaire ou sans fil et un appareil "compatible" sous Android, Windows ou Mac OS. Pour Google, utiliser ses produits sous-entend qu'il faut accepter ses conditions sans discussion.
Le jour où Google décide d'en savoir plus sur vous (numéro de téléphone, adresse...), peut-être serez-vous obligé de renseigner ces informations ou vous ne pourrez pas utiliser leurs appareils ?
Même si vous avez un accès Ethernet, il vous faut obligatoirement un réseau sans fil accessible car vous devez choisir un réseau WIFI pendant la configuration de l'appareil, vous n'avez pas le choix. Si la pièce où vous placez le Google Chromecast ne permet pas de recevoir le WIFI, vous ne pourrez pas l'utiliser... Même si vous avez un excellent réseau Ethernet.
A l'étape suivante de la configuration de Google Home, vous devrez activer la géolocalisation de l'appareil le pilotant (tablette ou smartphone). Une fois de plus, quelle est la raison de cette obligation ? Cette géolocalisation n'était ni indiquée sur l'emballage , ni dans la documentation, ni affichée dans les droits nécessaires lors de l'installation de Google Home. Y-a-t-il une différence entre les droits des logiciels Google et les autres ?
Une fois la géolocalisation acceptée, la configuration est assez simple : vous créez un type de réseau (maison, bureau...), une pièce pour votre appareil, et Google Home vous propose de "caster" (le logiciel n'utilise que ce terme pour dire "diffuser") l'image et le son de certains logiciels sur votre télévision.
L'application vous recommande sur son interface les services de Netflix, OCS, Canal... Seul Youtube est proposé dans les sites gratuits. J'ai testé quelques vidéos, l'image est fluide, le son correct.
A noter que le Google Chromecast était brûlant au bout d'une heure de connexion.
Les conditions d'utilisation de cet appareil ne me convenant pas (il faut quand même faire abstraction de sa vie privée quand on l'utilise, en acceptant que Google sache ce que vous regardez et écoutez, quand et où), je l'ai retourné au fournisseur. Aucun souci pour le retour, tout est pris en charge.
Je reste cependant étonné que les contraintes imposées par Google ne fassent pas de remous au sein de la Commission Européenne. Google est allé loin dans le suivi de ses utilisateurs. Je fais aussi remarquer que de nombreux tests sur Internet ne s'offusquent même pas de cette atteinte à la vie privée et louent la facilité d'installation de l'appareil. Peut-être que les utilisateurs considèrent que c'est un mal pour un bien, que cette partie de vie privée est sans importance ou qu'ils ont déjà un compte Google et sont habitués à cette relation étroite ?
Google Chromecast n'est pas une machine anodine, créée pour simplifier l'utilisateur, mais bien un système de traçage, au même titre que certains cookies tiers, tel que ceux utilisés par les GAFAM (Alphabet, Facebook, Amazon, Apple, Microsoft). Il faut le savoir, surtout qu'il fait aussi partie du pack nécessaire pour utiliser Stadia, le système de jeu proposé par Google en novembre 2019. Google saura donc à quels jeux vous jouez, quand et comment... De quoi améliorer la précision dans la qualification des utilisateurs.
Une alternative plus simple et moins envahissante, est, si vous le pouvez, d 'activer Miracast. Cela permet d'afficher sur un téléviseur (compatible Miracast) n'importe quelle image, son, vidéo en répliquant celle affichée sur votre tablette ou smartphone. Niveau vie privée, aucun compte et aucun accès Internet n'est requis. Et aucune installation n'est nécessaire : votre appareil dispose de Miracast ou pas.
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